mercredi 20 janvier 2016

50 shades of waste

En vingt jours j'ai cumulé cinquante grammes de déchets non recyclables et non compostables.
J'ai voulu connaitre le volume de mes ordures ménagères à mon échelle durant un mois afin de me rendre compte comment je consommais, ce que je pouvais changer sur du moyen puis sur du long terme. Et puis surtout ensuite, aider ma famille à moins produire de façon individuelle puis tous ensemble plus tard, collectivement.

J'ai commencé le premier janvier, j'étais sur les starting blocks avec la ferme intention de ne pas mettre mes mégots de cigarettes dans le bocal. Ni dans mes poches de jeans, ni dans aucune poubelle. L'aventure commençait avec l'arrêt du tabac, si je veux virer la poubelle à la fin de l'année, il faut me désintoxiquer. Arrêter les déchets c'est arrêter de fumer, c'est logique.
Alors forcément quand le bocal trône dans la cuisine et que son regard se pose automatiquement dessus quand on rentre dans la pièce et ce, vingt fois dans la journée, on a un léger rictus au moment même où on refuse de la main le fameux rocher au chocolat des ambassadeurs.
Les premiers jours j'y ai mis mes emballages de patch à la nicotine, tout allait bien. Pas de cigarette, donc pas de café, pas de gobelet de distributeur, pas de chewing-gum, les rituels s'envolent et les déchets avec.
Vient ce treizième jour où je suis partie chez Emmaüs déposer tout un tas de choses. J'étais de retour aux alentours de treize heures, l'enseigne de la junk food s'est dressée au dessus des toits; végétarienne non, minimaliste oui, sans prise de tête carrément. La voiture s'est engagée dans la ligne du drive.
"-Un menu machin, voilà, le plus grand que vous ayez. -Frites coca? -Parfait!"
J'avais scellé mon sort en un mot. La faim a parlé en mon nom, terminé bonsoir.
Je ne prends jamais de soda. Parce que c'est de l'eau et de la poudre leur truc, je le sais, j'y ai travaillé. D'ailleurs je l'ai dit cent fois aux enfants. Mais bon sang de merde Marie, c'est de l'eau gazeuse que tu prends d'habitude!
J'ai quand même bu la totalité de la boisson pour ne pas gâcher, la prochaine fois je ne prendrai rien. On ne m'y prendra plus.

Le second déchet est un emballage de sucette. Six mois qu'elle collait dans le fond du placard, une belle sucette gout banane avec un scorpion au milieu. Pour ne pas la jeter je l'ai mangée.
Puis j'ai reçu un paquet avec du ruban adhésif, je me suis achetée une coque de téléphone, j'ai découpé deux étiquettes de vêtements qui me grattaient ou qui faisaient moche, j'ai utilisé ma cup, j'ai accepté un chewing gum sans emballage que je n'ai pas avalé, j'ai mangé une pomme sur laquelle il y avait deux étiquettes, j'ai eu très mal à la tête et au ventre, j'ai mangé deux pralines gianduja, j'ai arrêté les patchs et fumé deux cigarettes. Les déchets passent mais ne se ressemblent pas.

Il y a eu ce pot de départ au travail. J'y étais depuis la veille, mon bocal de soupe vide était dans mon sac, j'ai participé à la fête et bu un café dans mon contenant sous le regard curieux de mes collègues. Personne ne m'a rien demandé, dommage.

Cinquante grammes de déchets ce n'est rien par rapport à la moyenne.
Cinquante grammes de déchets c'est le poids total d'une poubelle pour quatre pour six mois.
Ma façon de consommer ne ressemble à aucune autre, je ne peux pas comparer.
Je ne peux pas oublier tous les efforts déjà faits, les habitudes acquises depuis plusieurs mois. Je me force à le dire tous les jours: "C'est déjà génial, si sept milliards d'habitants étaient à 50g de déchets par mois..."
Je n'ai pas le droit de culpabiliser pour un emballage de sucette ou d'avoir soulager des douleurs menstruelles. Et j'arriverai à arrêter de fumer, c'est certain. Parce que je crois en moi.
Ces vingt jours confirment que je ne suis pas une grande consommatrice. Je le savais, c'est dans ma nature. J'ai réussi à refuser des choses, certaines ont été presque inévitables mais je les connais maintenant et je vais les éviter.

Je me rends compte que je suis rentrée dans une compétition avec moi-même -et le reste de la famille et le monde entier, qui n'a pas lieu d'exister. On ne passe pas du petit bassin aux championnats du monde de natation en un an. Il faut des années de travail et de remises en question. Il faut se laisser du temps, accepter des échecs.
Si on rate ce moment, on essai celui d'après. Si on échoue on recommence l'instant d'après. On a toute la vie pour réussir.

A suivre.




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